Le BIM a permis de créer cet édifice qui a obtenu le prix Building Smart en 2018 à Tokyo. La complexité de conception du bâtiment exigeait que tous les acteurs du projet se coordonnent autour de la maquette numérique.
Le défi technique et financier était si important que c’est grâce à cette technologie que le Vortex a pu exister.
La genèse d’un projet architectural construit pour la jeunesse olympique
Le Vortex fut initialement construit pour accueillir 1’800 athlètes et accompagnateurs lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Ce bâtiment emblématique se situant à Chavannes-près-Renens en Suisse romande abrite dorénavant 1’000 étudiants. Il est devenu un lieu de vie palpitant en intégrant également des restaurants, des commerces ou des centres de vie enfantine.
La spécificité du bâtiment prenant la forme d’une couronne circulaire en coursive est accessible par une rampe de 2,8 kilomètres avec une pente de 1%. Son diamètre est de 137 mètres pour une hauteur de 27 mètres et il dispose de huit niveaux.
Sans le BIM, la mise en place d’un tel édifice aurait été inconcevable. La contrainte technique est telle que le concevoir avec des méthodes traditionnelles aurait inévitablement entraîné des retards de chantier et des dépassements de budget.
Les acteurs du projet BIM pour la réalisation du Vortex
Grâce à l’utilisation du BIM, le bâtiment a pu voir le jour dans une collaboration privé-public. Le projet a été initié en 2017 par Les Retraites Populaires et l’Etat de Vaud. Sa conception a été confiée à l’architecte Jean-Pierre Dürig et sa réalisation à l’entreprise générale Losinger-Marazzi.
Chiffres clés
Nombre de résidents: env. 1’000
Nombre de logements: 712 unités, pour un total de 941 chambres à coucher
Durée de réalisation : 29 mois
Panneaux photovoltaïques : 1’200
Diamètre: 137 m (extérieur)
Longueur de rampe : 2,8 km
Espaces communs : env. 2’400 m2
Le BIM : une nécessité pour participer à la soumission de prestations
L’appel d’offres imposait aux acteurs participants de travailler en Open BIM.
La problématique de ce bâtiment était l’impossibilité de représenter des coordonnées cartésiennes. L’absence de niveaux de référence horizontaux, tout comme la difficulté de représenter efficacement les intersections entre les objets à réaliser par des coupes orthogonales, constituaient des challenges techniques à relever.
La coordination spatiale des différents intervenants s’avérait complexe. Aussi, l’utilisation du BIM a permis leur collaboration autour de la maquette numérique.
Pour déterminer les étages, il a été décidé de faire débuter le niveau zéro quand la spirale émerge des sous-sols et débute son ascension. Chaque rotation détermine un nouvel étage. Le positionnement des objets s’est fait à l’aide de niveaux et d’angles (0° au début de la coursive). Ces informations ont été utilisées pour la nomenclature des objets dans le modèle 3D et dans la base de données. Par la suite, cette logique a été conservée pour numéroter les logements.
L’utilisation du BIM a permis à l’ensemble des mandataires de pouvoir placer les objets sur leur propre maquette tout en la partageant avec les autres intervenants. Chaque corps de métier pouvait également mettre à jour les plans avant les séances de coordination. Cela a eu pour avantage d’identifier, dès la phase de conception, les problèmes qui seraient seulement apparus en phase de chantier. En effet, le BIM Manager pouvait établir la liste des incompatibilités et les résoudre avec l’ensemble des équipes.
Le BIM a également permis d’intégrer d’autres acteurs au démarrage de la construction – par exemple pour l’installation des salles de bains ou des ascenseurs. L’incorporation de plusieurs domaines d’activité a ensuite amélioré l’efficience dans l’exploitation du bâtiment.
La gestion du bâtiment du Vortex grâce au BIM
Maintenant que l’immeuble a changé, en quelque sorte, d’affectation, il peut continuer sa vie avec les planifications nécessaires. Passer d’un logement d’athlètes à l’occupation d’étudiants peut sembler anodin mais cela modifie radicalement la façon dont le bâtiment est utilisé. L’utilisation de l’infrastructure est différente et demande d’ajuster sa maintenance.
L’emploi du BIM permet de compiler plusieurs sources de données pour prévoir les travaux à effectuer et adapter le lieu à sa population. La gestion de l’espace de vie peut être confiée à de nouveaux gestionnaires sans que l’information soit perdue ou tronquée. On gagne ainsi en efficacité pour conserver le bâtiment dans sa durée maximale. On résout de ce fait le problème de la reconstruction d’immeubles qui se délabrent faute d’une analyse pertinente de la situation.
Le Vortex a encore de beaux jours devant lui et restera un fleuron de l’architecture suisse. Dans le futur, le bâtiment pourra avoir vocation à accueillir un autre type de population et son usage restera toujours aussi flexible grâce à l’utilisation du BIM.