Les graphistes réinventent leur métier pour fournir des contenus créatifs

Les graphistes doivent réinventer leur métier. C’est une fatalité annoncée !

Hanook, inventeur du graphisme dans le département français de la Dordogne, a vu depuis quelques années le métier de graphiste se modifier. On en parle dans un instant. Mais revenons d’abord sur le dernier chamboulement de la profession : la numérisation des supports d’expression.

 

On a vu le déclin de l’impression arriver comme une déferlante depuis un certain temps. Malgré quelques irréductibles qui pensent, encore, qu’on pourra continuer de réaliser des impressions de qualité, les graphistes doivent se faire à l’idée qu’on a changé de paradigme.

 

Dans un marché de niche où se concentrent quelques professionnels de renom, il est quasi impossible d’y faire sa place. Seuls les graphistes qui fidélisent des clients d’envergure peuvent imaginer survivre.

 

Le web et le motion design sont les voies que doivent prendre tous les graphistes qui veulent créer du contenu de qualité.

 

Dans un environnement où la communication est depuis quelques années majoritairement numérique, le graphisme pour le web est devenu la norme. En 2020, 95% des entreprises déclaraient avoir un site internet. La durée de vie de cette vitrine numérique est de cinq ans pour une refonte complète. Mais à cela s’ajoutent des ajustements réguliers pour améliorer l’ergonomie, la compréhension ou l’information de celui-ci.

 

L’avènement de la vidéo a fait apparaître un engouement important pour l’animation. Ce médium doit maintenant être présenté sous plusieurs formats pour rester dans les codes des différents canaux de communication. Chacun avec ses subtilités et ses compléments d’information que l’on peut agrémenter grâce à l’animation graphique.

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Le graphisme est immortel

Les débuts du graphisme remontent à une époque que peu de gens ont connue. On peut clairement définir que le début de cette discipline, dans le sens d’une image qui raconte quelque chose, est daté de plus au moins 18000-15000 ans avant J-C. L’événement fondateur est les peintures rupestres des Grottes de Lascaux par Hanook ou une autre personne créative.

 

Puis le deuxième épisode marquant est l’invention de l’écriture en Mésopotamie vers 3’500 ans avant notre ère. On passe par l’écriture phénicienne en 1200-1100 avant J-C, puis par la lettre capitale romaine pour continuer sur la lettre minuscule carolingienne, pour finalement arriver en 1440 à la calligraphie puis à la typographie grâce à Johannes Gutenberg, inventeur de l’impression.

 

Par la suite, le graphisme sera lié aux arts plastiques. On part d’une inspiration pour créer un ensemble visuel qui attire le regard.

 

La discipline évolue par la suite vers les arts appliqués. C’est la commande qui lance la création. On part d’un brief réalisé par une agence de communication ou directement par le client.

le graphisme des grottes de Lascaux

Le jour où l’impression est morte

C’était un jour de la fin de l’été 2001.

 

Le virage de la communication s’est opéré avec la chute de l’impression et des médias traditionnels qui se sont tournés au début du XXIe siècle vers internet. Le journalisme a dû se réinventer et les graphistes ont été partie prenante parties prenantes en développant des supports papiers plus visuels. Des magazines iconiques ont vu le jour en contestation à la chute incessante de la presse papier.

 

J’ai pu moi-même constater ce changement de comportement drastique. Alors qu’on lançait un magazine culturel avec une impression de qualité, j’étais déjà en train de rédiger mon premier blog. Le premier est resté un joli souvenir, le deuxième un levier de communication puissant. Alors que d’un côté on avait de la peine à faire financer la mise en impression, de l’autre on vendait des espaces de publicité alors que Google était encore à ses balbutiements publicitaires.

 

Les graphistes qui avaient compris que le Graal était dans la création numérique, ont abandonné les planches à dessin pour les palettes graphiques. On faisait tourner des sites web sur Flash. L’animation commençait à prendre ses lettres de noblesse en dehors du cinéma.

 

Le deuxième choc a été la création des médias sociaux et sa déferlante de contenus à produire pour sortir du lot. La photographie, les images animées puis la vidéo sont devenues les médias qui ont progressé le plus sur ces plateformes. Les premiers essais hésitants et amateurs ont rapidement laissé la place à une professionnalisation de la discipline. Les nouveaux entrants laissant souvent les anciens irréductibles sur le carreau.

Un nouveau graphisme est né dans les cendres du papier

Les graphistes, comme on peut le constater, sont assez résilients. Réinventer, ou du moins faire évoluer leur métier, fait partie de leur ADN.

 

L’image qu’elle soit sur du papier, un écran ou tous autres supports, reste un médium de communication qui lie les Hommes.

 

La discipline évolue avec son temps. Elle devient de plus en plus expressive au fil des innovations.

 

Actuellement, l’engouement se trouve dans la création web et la vidéo mais dans un futur proche c’est une multitude de médias qui auront besoin des services des graphistes. L’image étant au cœur de notre environnement quotidien, il devient inconcevable de se passer de ce médium.

 

Avez-vous déjà imaginé le nombre d’images auxquelles vous êtes exposé chaque jour ?

 

Quotidiennement, une personne voit entre 5’000 et 15’000 stimuli commerciaux. La majorité d’entre eux sont des images. Un logo peut apparaître dans une publicité, une devanture de magasin ou sur le t-shirt d’un passant dans la rue.

 

Quand on ajoute à cela tous les autres moyens de communication dont dispose une marque, cela laisse rêveur sur les moyens de s’exprimer. La puissance de l’image peut quelques fois transcender l’idée de la marque. C’est ainsi que si vous voyez une publicité d’un coureur amateur qui se dépasse sportivement mais sans voir le logo ou le produit ; vous pensez spontanément à une marque bien définie.

Les graphistes évoluent dans d'autres domaines d'activité

Les graphistes évoluent dans d’autres domaines d’activité

Les graphistes se doivent de faire évoluer leurs compétences vers d’autres métiers nécessitant des compétences visuelles. Ils ont la possibilité d’intégrer plusieurs secteurs d’activité.

La publicité

Les dépenses publicitaires en 2021 étaient réparties ainsi :

 

  • Internet : 34 %
  • Télévision : 26 %
  • Presse : 25 %
  • OOH : 6,3 %
  • DOOH : 3,7 %
  • Radio : 3 %
  • Cinéma : 1 

Source : Kantar

 

On voit clairement que si l’on cumule Internet au DOOH (Digital Out Of Home), on atteint une part de marché de 37,7 %. Ce chiffre peut augmenter si l’on considère que la télévision et la radio intégreront bientôt la publicité ciblée.

 

Toutefois, hormis la radio, tous ces canaux de communication sont un vivier énorme pour les graphistes.

 

Le numérique apporte son lot d’innovations pour toucher directement un segment de clients avec le bon message. Cela implique pour les créateurs de contenus d’élaborer une multitude de visuels pour attirer l’attention de la cible désirée.

Les agences de communication, publicitaires ou de relations publiques, ont besoin constamment de proposer aux personnes concernées de nouvelles créations.

 

Nous sommes soumis chaque jour à des milliers de sollicitations visuelles. La reproduction systématique peut influencer notre désir ou intérêt de façon positive ou négative. Au-delà d’un certain nombre d’expositions, nous sommes lassés. Le fait d’introduire de subtiles variations permet d’augmenter l’espérance de vie de notre communication.

 

Les graphistes qui arrivent à sortir de l’unique expression du beau pour également se diriger vers une image qui parle, augmenteront leur potentiel sur le marché du travail. Un graphiste doit, dès maintenant, faire partie intégrante de l’équipe stratégique, et plus seulement de l’équipe exécutive.

 

Un graphiste a tout intérêt à faire partie de l’équipe Community Management d’une entreprise.

L’audiovisuel

Toutes les branches de l’audiovisuel doivent faire appel aux services d’un graphiste. Dès l’élaboration d’un projet, on pourrait introduire une notion graphique pour créer l’intérêt des financeurs.

 

L’audiovisuel dans son ensemble a toujours fait appel à des graphistes pour la création des génériques, des bannières informatives ou des éléments narratifs.

 

Depuis un certain nombre d’années, c’est dans la création de visuels d’animation que sont sollicités les graphistes. C’est la maîtrise de logiciels PAO comme Illustrator ou Photoshop qui permettent aux graphistes de faire évoluer leurs techniques vers l’animation.

 

C’est ainsi que nous observons une recrudescence de graphistes se formant au motion design avec des logiciels comme After Effects ou Cinema 4D. Ces personnes transcendent leur travail représentatif vers une pratique plus narrative de leur ouvrage.

 

Au même titre qu’un directeur de la photographie, un preneur de son ou un monteur d’images, il devient un technicien de l’audiovisuel.

Le webdesign

C’est le domaine d’activité qui a naturellement accueilli les graphistes en son sein. Le webdesign est l’évolution logique du passage de la présentation papier à la version numérique.

 

L’évolution de la construction de sites internet d’une application essentiellement HTML vers des vitrines plus visuelles avec l’introduction du CSS, ont fait de cette profession un acteur majeur dans le processus de création.

 

La plupart des solutions de création clé en main, comme WordPress, proposent des gabarits permettant de créer facilement son site internet. Toutefois, il est important de faire appel à des graphistes si on veut avoir de la cohérence.

 

Dans un premier temps, on veut se différencier des concurrents utilisant le même template que nous. De ce fait, il faut transformer les documents avec nos couleurs. Un travail de création est nécessaire même si on travaille sur une base commune.

 

Dans un second temps, on est peut-être amené à l’harmonisation des différentes plateformes qu’une marque contrôle. Une société peut œuvrer dans plusieurs langues, régions ou territoires. L’information est probablement différente sur certains points mais l’ensemble doit respecter une certaine cohésion via la charte graphique.

 

Le grand boom du webdesign s’est développé avec l’arrivée du format Flash qui a permis des sites internet très visuels et créatifs. Malheureusement, cette technologie est difficilement compatible avec un bon référencement naturel.

 

Un conflit d’intérêts s’est mis en place entre les webgraphistes et les développeurs web. Chacun étant motivé par une vision différente de ce que doit être un site internet.

 

Le format Lottie, élaboré dans les bureaux de AirBnB, a réconcilié les deux camps. Les graphistes ont enfin trouvé un moyen d’améliorer le dynamisme des pages web.

Les graphistes évoluent dans l'UX & UI Design

L’UX et l’UI Design

Les graphistes qui se dirigent vers la conception de site internet ou d’application mobile ont tout intérêt à se former à l’UX et à l’UI design.

 

L’image étant un médium qui transmet l’information plus facilement que les mots, il semble logique qu’ils doivent se diriger également vers cette méthodologie.

L’user experience ou l’expérience utilisateur

On se doit de créer des environnements numériques qui transmettent intuitivement le chemin que doivent suivre les utilisateurs. Les graphistes grâce à leurs compétences ont toute leur place dans cette discipline.

 

Ils peuvent envisager plusieurs solutions de présentation que choisissent les utilisateurs. L’utilisation de variables au niveau de la colorimétrie, de la typologie ou de la mise en page peuvent amener à des changements notables de comportements.

 

Une bonne utilisation des notions du graphisme peut amener des utilisateurs à modifier leurs actions de façon positive. Il est ainsi possible en modifiant quelques éléments graphiques d’augmenter, par exemple, le nombre de personnes qui donnent leur sang sur un site dédié au don. Tout simplement car on aura plus rapidement attiré l’attention et fait passer le message.

L’user interface ou l’interface utilisateur

Pour que l’utilisateur effectue les bonnes actions, le graphiste a besoin de créer un environnement pertinent. La modélisation des éléments d’interaction entre la machine et l’humain doit être intuitive.

 

Avant d’appuyer sur un bouton, on veut avoir la certitude qu’il effectuera l’action souhaitée. Dans le cas contraire, des contrariétés et des manipulations inutiles amèneront l’utilisateur à abandonner le processus.

 

C’est ainsi que les premiers e-commerces ont perdu énormément de clients en compliquant les étapes menant à l’achat. Les acheteurs étaient baladés d’une page à l’autre sans retrouver leur chemin.

 

Quand on propose énormément de choix, on perd l’attention de l’utilisateur. Comme dans un mauvais restaurant, la carte des mets s’allonge et choisir la bonne option est improbable. On se laisse guider par l’intérêt du serveur plutôt que par le nôtre.

 

Un graphiste, d’autant plus de l’école helvétique, a la capacité d’aller à l’essentiel pour fournir une relation machine – humain compréhensible. Chaque élément doit signifier spontanément quelque chose. Le superflu est éliminé pour laisser de l’espace à la recherche de l’objet souhaité.

L’UX & UI Design dépasse le monde numérique

La discipline de l’UX & UI Design a beaucoup évolué depuis sa création. Les applications des concepts se transposent également dans le monde physique. C’est ainsi qu’un designer produit utilise l’UI Design pour concevoir des objets mais également l’UX Design pour créer une expérience avec celui-ci.

 

On peut le constater avec le packaging des produits Apple qui revêt autant d’importance que le produit lui-même. Concevoir un objet est loin d’être anodin. Il a une fonction précise. Son utilisation doit être comprise par toutes les cibles. On doit également envisager son ergonomie pour qu’il soit manipulé par l’utilisateur facilement.

Le graphisme dans le metavers

Les environnements 3D sont une aubaine pour les graphistes

Le nouveau terme qui aura son importance en 2022 est : Metavers. Le mot comprime les termes meta et univers pour exprimer des environnements numériques virtuels illimités. Annoncé comme le nouvel internet, il apporte son lot d’innovations grâce à l’évolution de la technologie.

 

« Comme dans l’espace, trouvera-t-on un jour les limites du Metavers ? »

 

Toutefois, cette nouveauté est loin d’être récente car SecondLife ou des plateformes de jeux comme World of Warcraft sont déjà des Metavers. Par contre, l’utilisation qui va en être faite va permettre aux personnes créatives de constituer une bibliothèque de contenus.

 

Les annonceurs commencent à investir les plateformes pour profiter du levier de la nouveauté. C’est ainsi que Nike y vend des modèles inexistants dans la réalité.

 

Dans un monde où tout est à construire, les graphistes peuvent devenir les architectes d’un Univers. Des compétences en création d’objets tridimensionnels sont nécessaires pour appréhender tout le potentiel des Metavers.

 

Actuellement, les environnements manquent d’une certaine fluidité mais rapidement cela va changer. L’expérience, à moyen terme, sera quasi semblable au Monde réel.

 

L’univers des jeux vidéo est également un terrain où les graphistes peuvent s’épanouir. On en a besoin autant pour l’animation des personnages, l’élaboration des décors que pour illustrer le packaging du jeu et les éléments parallèles collectors.

Les graphistes ont tout à gagner à faire évoluer leur métier

On constate que les domaines d’activité où les graphistes peuvent apporter leur expertise sont nombreux. Cela demande de faire évoluer une pratique qui perdure de siècle en siècle.

 

Quand on pense qu’il y a encore quelques décennies on annonçait la mort de la profession, la revanche est belle. Les graphistes ont vu le potentiel de se former à des logiciels comme After Effects ou Cinema 4D pour faire évoluer leur pratique vers le motion design. Quand d’autres sont les artisans essentiels de la conception de site internet créé sur des CMS comme WordPress ou Wix.

 

L’avenir aura toujours besoin des graphistes pour exprimer une idée avec une image. Même si le métier s’est éloigné de son essence originelle, il continue à avoir du sens.